L’Étoile du désert

Le premier contact se devait d’être magique, on me l’avait dit, répété et promis. Il fallait que ce soit irréel, hors de ce monde, car c’est ainsi qu’Hollywood le vend. Je voulais, que dis-je, je devais m’émouvoir aux premières lueurs, car le spectacle provoquait, disait-on, émerveillement et bouffé de fraîcheur. Une oasis dans le désert somme toute et croyez-moi, ici, l’allégorie est loin de n’être que littéraire.

Nous roulions depuis quatre heures sur l’Insterstate 15 en provenance de Los Angeles et le soleil achevait de descendre sur la Sierra Nevada lorsque je la vis. Ses néons vinrent à nous plus vite qu’il n’en faut pour épeler e-n-f-i-n, la lumière se mit à fuser de toutes parts et soudain, elle fut toute là devant nous, bien vivante dans la nuit.

C’était ici, maintenant, en ce moment. Et ce moment, c’était Las Vegas  lorsqu’on la voit pour la première fois.

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Vous pouvez le penser et même le dire : Las Vegas et ses habitants vivent dans un environnement bien singulier qu’est celui du désert du Nevada. Un milieu aride où la légalisation du jeu dans les années 30 et l’achèvement du barrage Hoover eurent raison de ce petit village de prospecteurs de sources d’eau qu’on appelait déjà Las Vegas à l’époque, terme espagnol qui signifie littéralement « Plaines fertiles ».

Aujourd’hui, les presque 2 millions d’habitants de la région métropolitaine vivent surtout du tourisme et de ses retombées directes qui font de Sin City - la ville du vice telle qu’elle fut un temps appelée - une ville mythique où la restauration de choix, le jeu et le divertissement sous toutes ses formes cohabitent. Pour preuve, les 42 millions de visiteurs annuels qui viennent essentiellement des États-Unis, du Canada, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de Chine, de Corée, du Japon, du Mexique et qui sont aussi de cet avis.

Le monde entier aime Vegas parce que le monde entier se trouve et se retrouve à Vegas.

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En arpentant le South Las Vegas Boulevard plus communément appelé « the Strip » et en ouvrant simplement l’œil, on peut s’offrir un délectable tour de planisphère en thématiques d’hôtels. La mémoire du chevalier Arthur, bien vivante à l’Excalibur, côtoie le Sphinx d’Égypte au Luxor; les mythiques cités d’Orient du Mandalay Bay lorgnent de l’oeil les gratte-ciels du New York New York; le carnaval bat son plein au Harrah’s Las Vegas en face d’un Colisée de Rome non romain au Caesars Palace. De part et d’autre, Monte-Carlo, Rio, Paris et Venise ont aussi leurs hôtels éponymes le long de la Strip et vous entraînent dans leur univers du tout possible dès vos premiers instants dans leurs halls d’entrée titanesques.

 Las Vegas du Bellagio

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À défaut de mettre la main dans sa poche pour tenter sa chance, s’offrir une excellente table ou l’un des nombreux spectacles du Cirque du Soleil qui y ont élu domicile, Vegas offre aussi une belle ribambelle d’activités et d’animations…gratuites qui ravira petits et grands, néophytes et endurcis.

Ainsi, à l’hôtel Bellagio, plus d’un millier de jets d’eau dansent sur la musique de Pavarotti ou de McLachlan aux 30 minutes. Toujours au Bellagio, le Bellagio Conservatory and Botanical Gardens transporte les visiteurs dans son atrium d’exposition florale. Une véritable œuvre d’art à voir à Noël, en été ou à l’Action de grâce pour un décor haut en parfums et en couleurs. Au Circus Circus, des acrobates s’adonnent à des numéros impromptus en plein hall d’entrée. Au Flamingo, une oasis tropicale regorge de palmiers, de flamants roses (vivants!) et de poissons tropicaux en tous genres. Au Mirage, un immense volcan entre en éruption pour un spectacle son et lumière grandiose la nuit tombée et juste en face, au Venetian dans les galeries du Grand Canal des comédiens prennent d’assaut cette version miniature de Venise pour des interludes en chansons et en danses pour le plus grand bonheur des visiteurs. Poussez l’exploration jusque dans le Vegas rétro, celui des années 30 et 40, celui des grands néons pimpants, des hôtels-casinos ayant survécu au passage du temps enfin, celui où la folle odyssée a commencé et vous assisterez réellement au clou du spectacle qui se trouve sur Fremont Street.

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Revitalisée à la fin des années 90, Fremont Street est désormais fermée à la circulation et là, au-dessus de vos têtes repose une arcade aux 12,5 millions d’ampoules aux 550 000 watts. Vous êtes sur place affairés à vous imprégner de la nostalgie de l’endroit quand soudain, tous les néons s’éteignent simultanément, la voûte s’embrase de mille feux et vous demeurez sans mot, complètement absorbé par ce qui défile sous vos yeux. Vous êtes médusé; Viva Vision, le spectacle multimédia de la rue Fremont, est en train de vous transporter en musique sur les plus grands succès des Beatles, des Bee Gees, de Guns N’ Roses et j’en passe. On ne s’en lasse point; on en voudrait encore.

C’est un peu ça aussi Las Vegas : c’est ce trop-plein d’émotion que l’être n’arrive pas à absorber dans une première visite, ni une deuxième. Demandez au guide : c’est la quinzième fois que j’y mets les pieds et je n’arrive toujours pas à tout contenir; l’attraction en demeure telle qu’au premier jour de la première fois.

Venez donc y faire votre tour ou votre retour.

Le pire qui puisse vous arriver, c’est que vos pupilles ne puissent pas absorber en une seule fois les paillettes de croupier, les requins d’aquarium et les lustres de verre soufflé d’Italie, mais jusque-là, tout est normal; il vous faudra le vivre une fois, puis partir pour mieux revenir dans l’Étoile du désert.

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